Les premiers pas

En 1983, un jeune new-yorkais de 16 ans du nom de Jimmy Drescher fonde Murphy's Law avec son pote Harley Flanagan (un ancien Stimulators). Le premier est un chanteur émérite tandis que le second martèle des fûts de batterie. Harley désertera rapidement son poste car il est de plus en plus occupé avec son second groupe: les mythiques Cro-Mags.

Le groupe se démarque assez vite de ses congénères car le coté festif que véhicule Murphy's Law est à l'opposé de l'état d'esprit qui régnait à l'époque sur la scène NYHC. Cette dernière était plus enclin à une critique pessimiste de la société américaine. Au fil de leurs concerts délirants, Murphy's Law acquiert une solide réputation scénique qui n'est pas étrangère aux performances de leur chanteur.

Dés le début, le combo new-yorkais a aussi été caractérisé par les mouvements incessants de son personnel et en fait, Murphy’s Law est le groupe d’un seul homme : le charismatique Jimmy Gestapo qui est le nom de scène de Drescher.

 

 

Quelques photographies

Murphy's Law au CBGB (1992)

Murphy's Law au CBGB

 

La loi de Murphy

Le nom du groupe fait référence à la loi de Murphy qui est basé sur le principe de la fatalité. En 1949, Edward Murphy qui est ingénieur à l’US Air Force étudie les effets de l’accélération sur les pilotes et pour les besoins de ses expériences, il doit utiliser des accéléromètres qui pouvaient être montés de deux manières différentes mais une seule était correct. Bien entendu, quelqu’un les brancha dans le mauvais sens et l’expérience fut catastrophique. C’est alors que Murphy énonce pour la première fois sa fameuse loi:

« S'il y a plusieurs façons de faire quelque chose, et que l'une d'elle peut aboutir à une catastrophe alors quelqu'un la choisira ! »

Par la suite, les différentes traductions parfois approximatives populariseront la formule sous cette forme :

 « Si quelque chose est susceptible de mal tourner, alors ça tournera forcement mal ! »

Une photographie du Jimmy G. pour rappeler que cette page est consacrée au groupe Murphy's Law et non au loi de Murphy.

En France, ce principe de fatalité est aussi connu sous les noms de la loi de l’emmerdement maximal ou de la tartine beurrée. Vous remarquerez que lorsqu’une tartine beurrée tombe sur le sol, c’est à chaque fois sur le coté beurré. Un engouement naîtra autour de cette loi et de nombreux aficionados s'amusèrent à écrire une multitude de proverbes appliquant ce principe de fatalité à la vie courante et à d'autres thèmes particuliers comme notamment le milieu de l’informatique.

Pour finir sur les lois de Murphy, j’ai concocté une petite sélection:

  • Chaque solution apporte de nouveaux problèmes

  • Tout ce qui est bon dans la vie est illégal, immoral ou bien fait grossir.

  • Les amis vont et viennent, mais les ennemis s'accumulent.

  • Si tout semble bien marcher, vous avez forcément négligé quelque chose.

  • Ne discutez jamais avec un imbécile, les gens pourraient ne pas faire la différence.

  • L' Univers n'est pas du tout indifférent à l'intelligence, il lui est activement hostile.

  • Murphy était un optimiste (Commentaire de O'Toole ou loi de Sod).

 

Jimmy G. et le jeu des chaises musicales

Dans la grande tradition des groupes de hardcore comme Agnostic Front ou encore Youth Of Today, Murphy's Law a un line-up en constante évolution avec pour seul commandant de bord: le charismatique chanteur Jimmy "G." Drescher qui en est le co-fondateur (l'autre n'était que Harley Flanagan qui se désolidarisa rapidement de cette aventure pour se consacrer aux mythiques Cro-Mags). Dans cette section, je me suis seulement contenté de présenter les différentes formations ayant participé à un disque significatif du combo new-yorkais car il n'est pas rare que les musiciens d'un album se limitent à l'enregistrement et ne participent donc pas aux tournées qui suivent.

Murphy's Law

Guitariste:

Alex Morris

Bassiste:

Petey Hines (Cro-Mags)

Batteur:

Pete Martinez (Cro-Mags, Alloy, Handsome)

Back With A Bong!

Guitariste:

Todd Youth (Agnostic Front, Warzone, D-Generation, Danzig, Motörhead, Son Of Sam, Homewreckers, Todd Youth Heartaches, ...)

Bassiste:

Chuck Valle (Ludichrist)

Batteur:

Doug E. Beans (Functional Idiots)

The Best Of Times

Guitariste:

Todd Youth (Agnostic Front, Warzone, D-Generation, Danzig, Motörhead, Son Of Sam, Homewreckers, Todd Youth Heartaches, ...)

Bassiste:

Tommy Kennedy (Ultraviolence)

Batteur:

Doug E. Beans (Functional Idiots)

Good For Now

Guitariste:

Jack Flanagan (The Mob)

Bassiste:

Chuck Valle (Ludichrist)

Batteur:

Michael McDermott (Bouncing Souls)

Tromboniste:

Jeff "Django" Baker (King Django, Skinnerbox, Stubborn All-Stars)

Trompettiste:

Danny Dulin (Skinnerbox, Stubborn All-Stars)

Sonorisateur:

Martin Von

Dedicated

Guitariste:

Todd Youth (Agnostic Front, Warzone, D-Generation, Danzig, Motörhead, Son Of Sam, Homewreckers, Todd Youth Heartaches, ...)

Bassiste:

Dean Rispler (Homewreckers)

Batteur:

Eric "Goat" Arce (Skarhead, Crown Of Thorns, Harley's War, Subzero)

Saxophoniste:

Seaton "Raven" Handcock

The Party's Over

Guitariste:

Rick Bacchus (D-Generation)

Bassiste:

Sal Villaneuva (Demonspeed)

Batteur:

Eric "Goat" Arce (Skarhead, Crown Of Thorns, Harley's War, Subzero)

 

Le destin tragique de Chuck Valle

Après un show de Murphy's Law à Los Angeles durant l'été 1994, Chuck Valle se prend la tête avec un mec devant l'entrée d'un fast-food. L'histoire semble s'arrêter avec la fin de la dispute mais un peu plus tard dans la soirée, Chuck Valle se fait poignarder mortellement dans un parking où le type avec lequel il s’était embrouillé auparavant l’avait attendu pour assouvir sa soif de vengeance.

Les membres de Murphy's Law furent évidement bouleversés par le décès de leur pote et ils rendront hommage au bassiste disparu à l’age de 29 ans par le biais de l'album "Dedicated" paru en 1996. Les paroles de quelques morceaux seront évidés du coté festif naturel de Murphy’s Law pour laisser place à des textes plus profonds en souvenir de Chuck Valle.

Pour mémoire, le malheureux avait participé à l'aventure Murphy’s Law en tant que bassiste sur de nombreuses tournées ainsi que sur l’album «Back With a Bong!» et le EP «Good for Now». Avant de rejoindre la bande à Jimmy G., Chuck Valle avait joué de la basse sur le premier album de Ludichrist (combo new-yorkais proposant un hardcore loufoque et déjanté).

Chuck était aussi ingénieur du son et il a collaboré à des albums mythiques du hip hop old school: «It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back» de Public Enemy ou encore «Tougher than Leather» de Run DMC.

 

Pour les non-initiés, l'édition 2005 du festival Fury Fest qui s'est déroulée le 24, 25 et 26 juin au parc des expositions du Mans rassemblait une affiche exceptionnelle: Sick Of It All, Madball, Slayer, H2O, Motörhead, Jello Biafra with the Melvins, The Misfits, Napalm Death, The Exploited et bien d'autres pointures du hardcore, du punk et du métal (Cliquez ici pour accéder au dossier complet consacré à cet événement exceptionnel).

Le set de Murphy's Law devait normalement s'enchaîner avec celui de Madball mais un homme de l'assistance annonce au micro que les membres du groupe sont introuvables. Il précise que le show sera peut être reprogrammé dans le courant de la soirée. Un peu plus tard, quelques affichettes apposées près du Velvet Stage annoncent que le groupe new-yorkais jouera bel et bien ce soir mais l'information ne semble pas avoir bien circulé auprès des festivaliers. Pour preuve, la salle était à moitié vide à l'entame du set des new-yorkais.

Pendant les balances, le chanteur Jimmy G. retrouve avec plaisir son vieux pote Harley Flanagan (Cro-Mags, Harley's War). Petit rappel historique, les deux compères ont fondé Murphy's Law en 1983 mais Flanagan quittera rapidement le groupe pour se consacrer aux mythiques Cro-Mags. Le concert débute sur deux classiques du hardcore festif: "Quest For Herb" puis "Crucial Bar-B-Q". Jimmy donne tout de suite le ton en buvant du Jack Daniel's, en crachant de la bière, en allant à la rencontre du public et en emmerdant les videurs. Ces derniers sont hallucinés par le comportement du chanteur (Jimmy G. tentera même d'en faire chanter un mais sans succès). Pour commémorer le bon vieux temps, Harley Flanagan prend la place du batteur pour interpréter "Beer". Le groupe enchaîne ensuite sur "Ska Song" et un gars du public propose un pétard à Jimmy G. qu'il accepte bien entendu. Le bienfaiteur se verra offrir une bière en guise de dédommagement. Jimmy G. invite Harley Flanagan (qui immortalisait le moment en filmant) à s'asseoir près de la batterie pour fumer l'offrande faite par le public. Le reste du set se déroule dans le même état esprit. Pour résumer et en parodiant le titre de l'un de leurs disques: Beer, Smoke and Live! Pour définir les derniers morceaux à jouer, le chanteur demande simplement à quelqu'un choisi au hasard quel titre il veut entendre. J'allais oublier de mentionner le solo de cannette du batteur qui fut un moment mémorable.

Pour moi, le show de Murphy's Law fut l'un des meilleurs du Fury Fest pour son aspect festif, sa spontanéité  et son non professionnalisme. Entendre sur ce festival un groupe de hardcore qui ne se prend pas au sérieux  ou qui ne se la joue pas gros durs était tellement rare que ce concert fut pour moi une véritable bouffée d'oxygène. En relisant la chronique, je m'aperçois que je me suis focalisé sur le charismatique chanteur mais il ne faudrait pas oublier pour autant la prestation des trois autres complices qui furent toutes aussi magistrales.

 

 

The Hardcore-Punk Connection

Dernière modification: 27/04/2006