Vendredi 24 Juin 2005 | |||
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Le temps de s'installer sur le camping et j'arrive sur le site du Fury Fest vers 16 heures en loupant de peu Right 4 Life. Dommage! Je visite un peu les lieux des méfaits et à ma grande surprise, le site est parfaitement agencé en étant ni trop vaste ni trop réduit. Les scènes du Forum (une immense rotonde) et du Main (la salle des têtes d'affiche) sont l'une à coté de l'autre. Le Velvet qui est de loin la plus petite salle du festival est pour sa part situé à une distance raisonnable des deux autres . Le hall du "Extreme Market" propose un vaste choix de distributeurs, de labels, de boutiques de disques (Overcome Records, The Ages Of Venus Records, Relapse Records, Les Troubadours du Chaos...). Passons aux choses sérieuses, c'est à dire les groupes:
Revenons au concert à proprement dit. Après une introduction musicale établissant une pression indéniable, Biafra apparaît soudainement accoutré d'une blouse blanche et le spectacle commence véritablement. Conformément à sa réputation, l'ancien chanteur des Dead Kennedys possède un sacré jeu de scène basé essentiellement sur un aspect théâtrale. En effet, il aborde des postures caricaturales ou des mimiques parodiques pour illustrer les thèmes de ses chansons revendicatives. Le support musical est pour sa part ultra carré grâce à la rigueur implacable des Melvins. Après deux ou trois morceaux, le quatuor entame "California Über Alles" des Dead Kennedys pour notre plus grande joie. L'ambiance monte d'un cran et je ne boude pas mon plaisir à entendre cet hymne punk chanté par le maître en personne. Entre deux morceaux, Jello Biafra utilise sa verve habituel pour posticher Georges W. Bush et sa guerre en Irak. Il remercie le peuple français pour son opposition à cette dernière mais il n'oublie pas d'aborder le cas de Jacques Chirac qui en prend pour son grade. Le discours frôle certainement la démagogie mais il faut avouer qu'il a un impact significatif sur le public. Le set se déroule sur la même lignée avant de se clôturer sur le magnifique "Holiday In Cambodia" qui, je rappelle pour les têtes en l'air, est un des titres emblématiques du répertoire Dead Kennedys. Un putain de concert!
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Samedi 25 Juin 2005 | |||
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Pendant les balances, le chanteur Jimmy G. retrouve avec plaisir son vieux pote Harley Flanagan (Cro-Mags, Harley's War). Petit rappel historique, les deux compères ont fondé Murphy's Law en 1983 mais Flanagan quittera rapidement le groupe pour se consacrer aux mythiques Cro-Mags. Le concert débute sur deux classiques du hardcore festif: "Quest For Herb" puis "Crucial Bar-B-Q". Jimmy donne tout de suite le ton en buvant du Jack Daniel's, en crachant de la bière, en allant à la rencontre du public et en emmerdant les videurs. Ces derniers sont hallucinés par le comportement du chanteur (Jimmy G. tentera même d'en faire chanter un mais sans succès). Pour commémorer le bon vieux temps, Harley Flanagan prend la place du batteur pour interpréter "Beer". Le groupe enchaîne ensuite sur "Ska Song" et un gars du public propose un pétard à Jimmy G. qu'il accepte bien entendu. Le bienfaiteur se verra offrir une bière en guise de dédommagement. Jimmy G. invite Harley Flanagan (qui immortalisait le moment en filmant) à s'asseoir près de la batterie pour fumer l'offrande faite par le public . Le reste du set se déroule dans le même état esprit. Pour résumer et en parodiant le titre de l'un de leurs disques: Beer, Smoke and Live! Pour définir les derniers morceaux à jouer, le chanteur demande simplement à quelqu'un choisi au hasard quel titre il veut entendre. J'allais oublier de mentionner le solo de cannette du batteur qui fut un moment mémorable. Pour moi, le show de Murphy's Law fut l'un des meilleurs du Fury Fest pour son aspect festif, sa spontanéité et son non professionnalisme. Entendre sur ce festival un groupe de hardcore qui ne se prend pas au sérieux ou qui ne se la joue pas gros durs était tellement rare que ce concert fut pour moi une véritable bouffée d'oxygène. En relisant la chronique, je m'aperçois que je me suis focalisé sur le charismatique chanteur mais il ne faudrait pas oublier pour autant la prestation des trois autres qui furent toutes aussi magistrales.
Le leader Harley Flanagan a du métier dans son escarcelle car malgré une salle assez clairsemée, il a su mettre le feu au poudre avec un set essentiellement composé de reprises de Cro-Mags. Après tout, il en est l'auteur. Les classiques de son ancien groupe seront tous passés en revue (Malfunction, Street Justice, We Gotta Know, Hard Times...). Il est dommage que mon état de fatigue m'ait empêché d'apprécier le concert à sa juste valeur. Mais ce Harley Flanagan, quel putain de frontman! Son double rôle de bassiste et de chanteur ne l'empêche pas d'avoir une sacré présence scénique et en véritable patron, il tient à lui tout seul la machine infernale. Ça fait plaisir de voir une légende vivante du hardcore en grande forme! |
Dimanche 26 Juin 2005 | |||
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Je me dirige ensuite vers le "X-Market" et là, je retrouve Rick TA Life en train de vendre son merchandising. J'échange quelques mots avec lui. Il pourrait se la jouer avec son passé dans le hardcore mais non, le garçon se révèle être très sympathique et chaleureux. Une leçon à méditer pour certains...
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Bilan du Fury 2005 | |||
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Après avoir pris connaissance des nombreuses critiques circulant sur le net dont certaines me paraissent vraiment injustifiées tant elles sont acerbes envers son programmateur musical, je suis pour ma part un peu révolté par le dénigrement systématique du Fury Fest qui semble être devenu un sport national dans la scène hardcore française. OK, l'organisation fonctionnelle était loin d'être parfaite mais il ne faut pas oublier que ce festival est jeune et le comparer à d'autres structures étrangères existantes depuis des lustres me semble être excessif. Il faut laisser le temps au temps et ce projet ambitieux de réaliser un tel festival réunissant toutes les tendances extrêmes me parait salvateur pour le paysage musical français. Ceux de la scène hardcore qui critiquent la programmation veulent certainement rester cloîtrer dans leur chapelle étroite mais vu le nombre de groupes présents, ils ne sont pas obligés d'assister à tous les événements du festival. Moi, je ne suis pas un grand fan de métal mais comme on dit, il en faut pour tout le monde et je ne pense pas qu'un tel festival soit rentable (et oui, c'est le nerf de la guerre) si un seul courant est représenté. Pour reprendre un maxime: si vous n'aimez pas, n'en dégoûtez pas les autres. En plus, les prestations auxquelles je ne prêtais pas d'intérêt particulier me permettait de souffler un peu et je vois pas comment j'aurais pu assister physiquement à plus de concerts intéressants. Ah, moi qui croyais que hardcore était synonyme de tolérance... A l'exception de quelques débordements aussi puérils que débiles au camping, l'ambiance générale était vraiment très agréable comme quoi, les différents publics des musiques extrêmes peuvent se mélanger sans aucun problème. Pour conclure, un grand merci à celles et à ceux qui m'ont permis d'assister à un tel événement que je ne pensais possible qu'à l'étranger et dans l'espoir d'une nouvelle édition même si elle parait compromise pour des soucis financiers et organisationnels... |
Dernière modification: 09/05/2006 |